En horticulture comme dans tous les domaines qui ont un aspect visuel, des tendances générales influencent nos décisions.
Cette année, on recherche l’harmonie des couleurs ainsi que l’homogénéité des pots et cache-pots. La planification n’est plus une tâche exclusivement printanière et s’étend sur toute la saison. Les plantes, aménagements et outils sont choisis pour simplifier l’entretien, les couleurs franches sont privilégiées, et l’eau courante prend le dessus sur les étangs. On pratique le jardinage écologique, les aménagements sont réfléchis, et on cherche de plus en plus à estomper la séparation intérieur/extérieur. Enfin, pour un plaisir rehaussé, on se crée des jardins spécialisés.
Le jardin « tactile »
Le jardin peut s’avérer agréable non seulement pour la vue et l’odorat, mais aussi pour le toucher. On aménage donc des plantes aux textures diverses à des endroits où on peut les toucher… ou encore où elles peuvent nous toucher : dans des pots à proximité des chaises de patio, sur le bord des sentiers, à l’entrée du terrain… Ce qui ne veut pas dire que les plantes aux textures moins agréables – gluantes, piquantes ou irritantes – sont abandonnées pour autant, mais on leur choisit un emplacement où elles stimuleront l’œil à distance. Les végétaux ne sont pas les seuls constituants de ce type de jardin : la pierre, le bois, le métal sont autant de textures avec lesquelles on entre en contact à l’extérieur, avec nos mains, nos pieds et en nous asseyant, rendant l’expérience encore plus sensitive.
Le jardin « 4 saisons »
Par des choix judicieux, les horticulteurs en herbe savent organiser leur aménagement pour que se succèdent sans interruption des plantes offrant un décor, des formes et des couleurs différents, du printemps jusqu’à l’automne. Puis la neige tombe, et c’est terminé. Pourtant, il est possible de poursuivre l’exercice, en plantant des conifères miniatures qui monteront la garde en hiver, accompagnés par des arbres et arbustes qui, dépouillés de leur feuilles, afficheront au grand jour des formes pratiquement invisibles en été. Certaines plantes de haute taille conservent aussi leur forme en séchant à l’automne; on attend donc le printemps pour les enlever. Et bien entendu, le jardin peut inclure des éléments inertes : lampadaire, treillis, muret, banc… qui sont présents, beau temps – mauvais temps.
Le jardin « urbain »
En condo, sur un toit, dans une petite cour… malgré des espaces restreints, il est possible de s’aménager un petit oasis. Qu’on les fasse pousser au sol, dans des contenants ou les deux à la fois, on choisit des plantes adaptées à l’environnement (luminosité, humidité, vents…) ou on installe un treillis, qui pourra diminuer le vent et entretenir des zones ombragées. Alors que certains défendront farouchement leur carré de gazon, d’autres lui préféreront un dallage, pour moins d’entretien, sur lequel ils installeront un aménagement qui peut être modifié à loisir en déplaçant les contenants. Des annuelles colorées sauront alors attirer l’oeil, faisant ainsi oublier le béton, et des plantes grimpantes, qui étalent leur verdure en hauteur, seront quant à elles d’heureuses alternatives si on ne peut planter d’arbres.
Le jardin « vivant »
Un jardin est un minuscule écosystème : ça grouille de vie. On peut donc « gérer » nos aménagements en fonction de la faune qu’on désire y recevoir. Certaines plantes attireront par exemple diverses espèces d’insectes « alliés » et d’oiseaux, qui nous débarrasseront des parasites. De par leur forme ou leur contenu, des cabanes et mangeoires inviteront des espèces précises d’oiseaux, alors que les arbres seront appréciés des écureuils et tamias. Par l’aménagement d’un étang, on pourra y faire vivre des poissons rouges, et peut-être aurons-nous la chance d’héberger un petit crapaud, qui s’y trouvera bien… et se nourrira d’insectes. Et quoi de plus réjouissant, en regardant par la fenêtre au petit matin, que d’admirer de petits volatiles qui s’ébattent gaiement dans un bain d’oiseaux…
En bref, on ne se contente plus de planter des arbustes le long des fondations et de suspendre deux ou trois jardinières : le cocooning nous a fait aménager nos résidences en nids douillets, et l’on étend maintenant ce nid à l’extérieur, car on y passe de plus en plus de temps.